L’UMMIS : UNE UNITE SYSTEMIQUE ET FAMILIALE PRECONISEE EN MILIEU SCOLAIRE
Jean-Marc Baleyte
Par voie de publication au Bulletin Officiel de l’Education Nationale du 03/09/2019 (circulaire n° 2019-122), le gouvernement français préconise un nouveau cadre de prévention et de prise en charge des violences en milieu scolaire, notamment l’intervention d’une unité mobile mixte d’intervention scolaire, telle que l’UMMIS.
L’UMMIS a été mise en place à Créteil depuis juillet 2018 à titre expérimental, via une convention entre l’Agence Régionale de Santé du 94 et l’Académie de Créteil, pour répondre notamment au besoin de prise en charge à l’intérieur de la classe d’élèves dits « hautement perturbateurs ».
Le contexte social actuel est qu’il y a, au sein de l’Education Nationale, de plus en plus de signalements de violences d’élèves au sein de l’école (qui se traduisent par un nombre accru de remontées d’incidents, d’accidents de travail) qui impactent le climat scolaire global et la qualité de vie des enseignants comme des familles. En parallèle, les structures de soins pédopsychiatriques ne parviennent pas à répondre à un nombre croissant de demandes émanant du champ scolaire et les dossiers MDPH sont de plus en plus nombreux.
L’UMMIS est composée d’une équipe interinstitutionnelle et mobile : enseignants régulateurs de l’Education Nationale et équipe soignante de pédopsychiatrie du CHIC (pédopsychiatre, psychologue systémicien, neuropsychologue, orthophoniste, éducateur spécialisé).
L’UMMIS intervient à la demande de l’école et de l’inspecteur de circonscription lorsqu’une équipe pédagogique est en grande difficulté face à un élève hautement perturbateur, malgré les aménagements pédagogiques et éducatifs de l’école, l’intervention des familles et les recours usuels de niveau 2 : RASED, santé scolaire, structures éducatives et/ou de soins externes.
L’UMMIS a pour objectifs de soutenir l’inclusion scolaire, d’évaluer le fonctionnement cognitif et le développement de l’enfant, de favoriser l’accès aux soins et d’impliquer les familles, au moyen d’un contrat tripartite école/famille/UMMIS et pour une durée limitée de 6 mois.
Pour cela, l’UMMIS procède au diagnostic de situation, en hiérarchisant et en articulant les expertises médicales et neuropsychologiques aux différentes expertises (celle de l’école, celle de la famille, celle des autres acteurs impliqués). Ce méta-système mobilise de nouvelles modalités de régulation des interactions entre famille, enseignants et soignants.
L’UMMIS intervient à la fois de façon directe auprès des enfants, et indirecte auprès des différents acteurs, à l’école, à domicile et à l’hôpital. La disponibilité et l’engagement sont garantis par la mise en place rapide des interventions.
Pour la première fois en France, l’UMMIS a également mis en place un dispositif de classe des familles, sur le modèle des Family Classes du Marlborough Family Service de Londres, consistant à accueillir plusieurs enfants présentant des difficultés scolaires et leurs parents au sein d’une classe animée par des enseignants et des thérapeutes familiaux, pour une matinée par semaine pendant 8 semaines. Ce dispositif vise un travail de mentalisation des difficultés s’appuyant sur l’expérimentation partagée de contextes nouveaux d’apprentissage.
Aux termes d’un an d’expérimentation, l’UMMIS a pris en charge 50 enfants et a réalisé 420 interventions directes et indirectes. Elle a recueilli une adhésion unanime des familles et des enseignants et a démontré son intérêt sur le climat scolaire. Ses premiers résultats suggèrent une diminution du nombre de remontées d’incident, et un effet positif sur l’inclusion scolaire d’élèves pour lesquels des orientations en structure spécialisée ont été abandonnées. Elle a permis l’orientation de certains enfants et leur famille vers des soins psychiatriques.